Ce que Hare Krishna signifie pour moi

zzz23h

Ce que Hare Krishna signifie pour moi

“J’ai tellement regretté de ne pas avoir apprécié ce qui m’avait été offert à Hong Kong il y a plusieurs années.”

Mon premier contact avec ISKCON s’est fait en 1976, j’avais alors 15 ans. J’avais écrit au Manoir Bhaktivedanta en Angleterre, pays où j’ai grandi, et ils m’ont envoyé gentiment des informations. Je suis rapidement devenu fasciné. je voyais sur les photos, tous ces jeunes garçons et filles dansant et chantant en extase et j’étais intrigué sur ce qui leur donnait tant de joie. Je me souvenais aussi de l’odeur exotique qui émanait de ce que le dévot m’avait envoyé; C’était comme si le dépliant était resté dans une boite d’encens pendant des mois!

Bien que ma famille ne soit pas du tout religieuse, Dieu et l’adoration me fascinait depuis que j’avais 7 ans, quand je suis devenu enfant de choeur. Quand j’eus 11/12 ans je lisais quelquefois des textes à l’église, et j’ai suivi des cours sur la bible par correspondance. Alors que mes camarades de classe aimaient courir après un ballon et faire du foot ou aller en boite de nuit, je passais mon temps le plus souvent à la maison à étudier ma bible ou peindre. Mais quelque chose me poussait à en savoir plus sur ce que je trouvais à l’époque être les religions orientales exotiques. Pourquoi des jeunes se tournaient-ils vers elles? De quoi s’agissait il? Qu’étaient ces mantras? Je commençais à rêver d’aller en Inde, visiter ce lointain oriental… Mon voyage spirituel commençait à s’élargir.

Mon père, sans doute exaspéré par mes rêves de voyage et de vocation d’artiste, m’empressa de me présenter à la sélection d’officiers pour rentrer dans l’armée britannique. M’y incitant par des récits de voyages, d’aventure et un bon salaire à la fin du mois. A ma grande surprise, je fus reçus à l’examen d’entrée, et avant même que je le réalise, j’intégrais l’école des futurs officiers, logé dans une ancienne maison anglaise, magnifique et majestueuse. Mon mental ne cessait de revenir à mes fortes impressions initiales, la 1er fois que j’ai lu sur le mouvement Hare Krishna. Je me souviens très bien que souvent, je rêvais éveillé de pouvoir voir un jour, les dévots danser et chanter dans les allées de mon collège en me demandant de les rejoindre. Une partie de moi souhaitait vraiment que cela arrive. et une autre en était effrayé; Ah l’imagination de la jeunesse!

C’est seulement quand j’ai commencé mon entrainement à l’académie militaire royale de Sandhurst que j’ai eu une occasion limitée de commencer à visiter le manoir Bhaktivedanta. C’était fin 1979. J’ai terminé mes études avec succès à 19 ans, et imaginez mon excitation quand j’ai appris que ma première affectation était à Hong Kong en 1980.

Petit Temple, grande impression

Peu de temps après mon arrivé dans ce pays fascinant, j’ai acheté une petite statue en cuivre de Krishna au magasin du campement, c’était pas cher et simple, mais j’étais heureux de l’avoir. Puis un jour en 1981, j’eus la grande joie de voir un petit signe sur un immeuble: “Hare Krsna”. Je me suis frayé un chemin et j’ai sonné. J’étais impressionné d’avoir trouvé ce petit temple dans un immeuble de neuf étage (pas le temple élégant dans le centre de kowloon qui existe actuellement), j’étais heureux et un peu nerveux. C’était si petit qu’on ne pouvait cacher ses erreurs ou son ignorance du protocole.

J’ai commencé à venir régulièrement. J’y allais tôt le matin et je prenais un taxi, dans mon uniforme tropical, pour aller au temple chaque fois que je le pouvais. Je ne dirai pas que j’y allais tous les jours, mais suffisamment souvent pour me sentir intégré dans la petite organisation qu’il y avait là.  Je me souviens simplement qu’il y avait très peu de dévots à l’époque qui visitaient le temple et c’est merveilleux de voir comment cela a grandi depuis.

Plus tard cette année là, j’ai été informé que Tamal Krsna Goswami Maharaja (TKG) voulait que j’écrive un article sur “ce que représente Krishna pour moi” afin d’être publié dans leur magazine. Tamal Krsna Goswami était le maitre spirituel résident à cette époque. Il a siégé à la commission de gouvernement d’ISKCON depuis 1970, et a été le secrétaire personnel de Srila Prabhupada pendant 7 mois avant que celui ci ne quitte son corps en 1977. Je voulais bien faire ce qu’il me demandait, mais je savais aussi qu’il fallait que je sois prudent car à cause de ma carrière je devais faire attention à ce que je disais. Néanmoins j’acceptais d’écrire quelque chose, et qui venait du fond du cœur. Je l’ai fait, et des photos ont même été prise dans un parc de kowloon, sous les directives personnelles de TKG. L’article n’a jamais été publié, et durant toutes ces années, j’y ai souvent pensé. Malgré tout ce qui s’est passé concrètement, j’ai toujours senti que je devais toujours à TKG la publication de cet article sous le titre “ce que Hare Krishna signifie pour moi”

Peu de temps après que j’eus écrit l’article, un dévot très excité est venu me dire que TKG souhaitait me parler dans ses appartements. Il était quelqu’un d’important dans le développement d’ISCKON et maintenant il souhaitait me voir! Le dévot me donna des instructions très strictes sur ce que je devais faire, et il a ainsi bien contribué à ce que j’entre dans la pièce le cœur battant.

Je me souviens très bien avoir vu TKG assis et me regardant. Après une brève conversation il m’enjoignit de renoncer à ma carrière et de rejoindre le temple. Dans mon ignorance, je ne voyais que la perspective d’être bloqué ici dans ce petit appartement pendant des décennies.

“J’adore vraiment beaucoup venir ici, répondis-je, mais je pense que je vais m’ennuyer ici après un an ou deux.”

Je crois que c’est la seule fois où je l’ai vu sourire au cours de ce bref entretien.

Il m’a simplement regardé et avec un large sourire rajouta: “Bon, si c’est la seule chose qui vous embarrasse, ne vous inquiétez pas, je trouverai de quoi vous occuper.”

Je lui ai dit que je ne pouvais pas le faire. Je n’avais pas tout intégré. J’étais sincère mais ma carrière m’excitait et je savais que mes parents en étaient fiers. Comment ma vie aurait changé si j’avais dit oui!

Malheureusement, quelque temps plus tard, j’ai eu des désaccords dans plusieurs domaines (pas avec TKG lui même) et ce fut la fin de mon association avec les dévots. Je chantais mes 16 tours et je suivais les principes régulateurs, il m’a même été suggéré que je prenne l’initiation. J’attends toujours que cette chance vienne à nouveau, car je regrette énormément de ne pas l’avoir saisi à cette époque. Avec les années, l’expérience de la vie et la sagesse qu’elle apporte, je constate que ces malentendus n’étaient autre que le résultat du zèle et des bonnes intentions de dévots dans un nouveau temple s’efforçant d’avancer. Dans les années qui ont suivi j’ai vu de la même manière des personnes bien intentionnées chacune dans son genre, mais poussant et cajolant sans avoir l’expérience des réactions que ces attitudes ne manquaient pas de provoquer sur des caractères également bien trempés. Nous avons tous grandi et évolué au fil des ans, et heureusement nous avons appris.

En 1982, j’ai déménagé en Allemagne, puis suis revenu en Angleterre quelques années.

Un malentendu à Soho

Ma tentative suivante de reconnexion a été brève. Quelques années plus tard, je suis allé au temple de Soho à Londres. et ai été invité à rejoindre les enseignements du matin, avant le petit déjeuner. Encore une fois j’étais sincère, mais sans le vouloir j’ai du toucher un point sensible en posant une question en toute innocence. Cela ne se passa pas très bien. Récemment on m’a dit qu’il y avait eu des évènements difficiles à ce moment là, et peut être ai-je dit la mauvaise chose au mauvais moment. J’en suis confus, mais cela montre peut être combien il est nécessaire d’être prudent dans ce que l’on dit, comment on le dit, et si je peux me permettre, aussi comment on réagit. Je voulais être un dévot, mais à la place, je suis parti désappointé.

Les années ont passé, je suis devenu bouddhiste. Malgré tout, mon amour pour Krishna, Srila Prabhupada, TKG ne cessait pas. Mais je me sentais déçu et perdu.

TKG dans le BTG (initials pour indiquer le magazine “Back to Godhead” ndlr)

Puis, brusquement et mystérieusement en 2002 j’ai soudain décidé qu’il fallait que je visite le manoir Bhaktivedanta ce week-end qui venait. Je n’y étais pas retourné depuis 1980 et (mis à part l’incident de Soho), mon dernier vrai contact remontait à Hong Kong en 1982. C’était une expérience étrange de voir ces jeunes dévots et je ne pouvais m’empêcher de penser à ce qu’aurait pu être ma vie si j’avais pris une décision différente 20 ans plus tôt.

J’ai vraiment apprécié ma visite et rentrait à ma voiture exalté, mais soudain juste avant de partir, j’eus le besoin de savoir si le magazine Back to Godhead était encore publié. Je suis revenu à la réception et on me dit qu’ils n’en avaient qu’un seul exemplaire. Ils m’ont indiqué la boutique où je pourrais trouver la dernière parution. Sans savoir pourquoi, j’insistais en disant que je ne voulais pas la dernière parution mais le seul exemplaire qu’ils avaient, en dépit de leur protestation. C’est seulement une fois rentré à la maison que je me suis aperçu que c’était une édition spéciale en mémoire de la disparition de TKG.  Même encore aujourd’hui, cet incident me provoque des frissons dans le dos et fait monter des larmes aux yeux. Après 20 ans, c’est comme si j’avais été dirigé pour revenir faire une visite, et ensuite guidé pour acheter cette édition spéciale du BTG. Comme si je devais savoir que TKG était décédé. J’ai toujours pensé qu’un jour j’allais le rencontrer encore une fois.

Peut être que je me suis trop penché sur cet incident, mais ce fut pour moi une expérience incroyable, et encore maintenant je regrette de ne pas avoir mieux apprécié ce qui m’avait été offert à Hong Kong en ce temps là. J’ai acheté un autre exemplaire de la Bhagavad Gita telle qu’elle est, et d’autres petits livres, et je me suis senti plus proche que jamais de Krishna. Mon amour et mon pur émerveillement grandirent à l’infini. J’ai continué en tant que bouddhiste, mais souvent je me surprenais à chanter le maha mantra Hare Krishna.

Une nouvelle carrière

De retour en 2007. J’ai déménagé au Népal pour 3 années fabuleuses. J’ai visité le temple de Katmandou, mais plus proche de la maison nous avions un pandit (sage ndrl) au campement. Je lui ai fait savoir que bien que je sois connu en tant que bouddhiste (bien entendu le plus vieux bouddhiste de l’armée britannique) j’étais aussi dévoué à Krishna. Je lui demandais de s’assurer que la déité de Krishna dans le temple de notre campement soit bien soigné et que le festival de Janmasthami (jour de l’anniversaire d’apparition de Krishna ndrl) soit joliment observé .  J’étais le patron dans cet endroit et avais donc mon mot à dire. J’insistai pour que le jour de Janmasthami soit observé comme un jour férié. Nous avions seulement quelques jours de vacances, et je pouvais décider (en donnant les raisons) lesquels ce serait. Mon insistance à enlever un jour férié du calendrier Anglais et à le remplacer par le jour de janmasthami n’a pas été une décision universellement populaire au sein de ma direction.

Comme mon temps au Népal arrivait à sa fin, je décidai que 33 ans dans l’armée était assez, et que le temps était venu pour moi de quitter. Je m’étais fait une réputation pour avoir été végétarien excentrique depuis 22 ans et plus, abstinent de thé durant cette période et un bouddhiste. Je sentais que je devais dévouer le reste de ma vie, à ce que j’avais toujours voulu faire: me centrer sur ma vie spirituelle et peindre, utilisant ce dernier pour gagner de l’argent et le donner pour une bonne cause. Après une dernière opération de 6 mois en Afghanistan, je pris ma retraite et émigrais à Taïwan.

J’étais un bouddhiste dévoué depuis 1992 mais je me sentais frustré de ne faire aucun progrès. Je savais qu’il y avait mieux. C’est comme si j’avais atteint un mur de verre et ne pouvait passer au travers. Je sentais désespérément que je devais trouver un Guru (maitre spirituel ndrl) avec qui je pouvais avoir une relation personnelle. J’avais besoin de quelqu’un qui me montre la direction. Cependant malgré mes efforts je ne trouvais pas ce que mon cœur cherchait. Je pensais à Krishna de plus en plus. Je m’abonnais au Back to Godhead, relisais la Bhagavad Gita encore une fois et lisais sur le web autant que je le pouvais.

Puis soudain les choses ont commencé à s’organiser. J’ai rencontré un couple de dévots en ligne qui ont été si inspirant, si encourageant, si patient. J’ai trouvé des gurus qui trouvaient le temps de répondre à mes mails. Je percevais à nouveau une direction et cette fois il n’y avait plus de doute. D’un coup je chantais au moins 16 tours tous les jours, mais contrairement au temps de Hong Kong où je le faisais quelquefois avec le sentiment du devoir, maintenant j’aimais, et j’aime le faire. Je lis la Bhagavad Gita tous les jours, ainsi que d’autres livres merveilleux de Srila Prabhupada. J’ai commencé à peindre des images dévotionnelles de Krishna. J’ai établi un contact avec le temple de Taipei, et ai fait le déplacement pour aller écouter une conférence inspirante donnée par Hari Sauri dasa sur son expérience avec Srila Prabhupada. Alors que nous chantions, mon ignorance et manque de connaissance était évident car j’avais de la peine à suivre les lignes pour répondre pendant le kirtan, mais je me sentais à la maison, et je me suis assis avec un grand sourire et le cœur réchauffé par Radha-Krishna et le Maha Mantra. J’ai chanté plein de joie avec les autres dévots, je me sentais si heureux, léger et merveilleusement bien. Chacun était si accueillant, c’était comme si j’avais rejoint une famille duquel j’avais été longtemps absent. Cet automne, je vais accomplir mon rêve de visiter Mayapur et Vrndavan.

En conclusion, je voudrai dire que malgré les hauts et les bas, et les erreurs au long du chemin, mon amour pour Krishna est éternel, et cette organisation d’ISKCON, au travers duquel Srila Prabhupada a amené si gracieusement la connaissance de la conscience de Krishna à tant de monde, cette organisation doit être choyé comme le plus précieux des trésors car elle nous ramene “Back to Godhead”, à Dieu.

Mark D. Vickers  – 25/02/2016

l’article original se trouve ici: http://m.dandavats.com/?p=19288